Claude Allègre

Publié le par Alda

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Jean-Sébastien MORA / jesamora@gmail.com

Une imposture peut en cacher une autre


Pour comprendre la polémique relative à la publication de «l'imposture climatique» de Claude Allègre, deux éléments sont incontournables. L'ancien ministre fut à la pointe en géochimie dans les années 80, beaucoup de ses détracteurs actuels le reconnaissent. Mais la carrière scientifique de Claude allègre est maintenant derrière lui. La climatologie n'a jamais été sa spécialité. Autre point fondamental, son ouvrage est foncièrement politique et n'est pas une contribution à la science.
Rangé dans le camp des climato-sceptiques, appelés avec mépris "climato-cyniques" par Jean-Louis Borloo, beaucoup de journalistes accusent Allègre de nier le réchauffement climatique et d'être lui-même un «imposteur». Petit point de précision avant de continuer : le terme «climato-sceptique» n'a pas de sens. On ne peut pas être sceptique face au climat qui est un état de fait. Allègre est un opposant à la thèse du «réchauffement anthropogénique» (induit par l'homme). En effet, p.20 Claude Allègre admet clairement le réchauffement climatique et le fait que l'augmentation du CO2 dans l'atmosphère soit liée aux activités humaines. Il souligne simplement que «beaucoup de paramètres rentrent en jeu» pour pouvoir faire des prédictions de températures à long terme fiables. Il conteste aussi un lien stricte entre la concentration en CO2 et un réchauffement de la planète.
 
Un os à ronger

Le 2 avril, la ministre de la recherche Valérie Pécresse, recevait un appel signé de plus de 400 scientifiques français travaillant dans le domaine du climat. Les signataires dénonçaient le fait que depuis plusieurs mois des scientifiques reconnus dans leurs domaines respectifs dénigrent les sciences du climat et l'organisation de l'expertise internationale. Criant à l'imposture scientifique, Claude Allègre était visé par cet appel, mais pas seulement. Son ami Vincent Courtillot auteur du «Nouveau voyage au centre de la Terre (Odile Jacob, 2009)» l'était aussi. Car c'est bien le problème d'Allègre : prétendant défendre une vérité scientifique, il enfreint complètement les conventions déontologiques de la recherche.
En effet, la validation d'un travail scientifique se déroule dans un cadre stricte, appelé revieuwing dans lequel une publication requiert la validation de spécialistes du domaine avant toute publication. Et c'est tout le problème d'Allègre, ce dernier était en mesure d'écrire un livre scientifique sur l'imposture du réchauffement climatique  anthropogénique, en compilant les travaux de tous les chercheurs partageant son point de vue, tout en montrant les contradictions des travaux qu'il conteste (mais publications à l'appuie, pas redessinés au stylo). Or, à la «Al Gore», toute la démonstration de «l'imposture climatique» tourne autour de la figure d'Allègre, sans le moindre retour de ses confrères détracteurs.
 
Une imposture scientifique

L 'ancien ministre a le mérite d'illustrer l'hypertrophie de la modélisation et certaines incohérences du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. IPCC en Anglais), mais elles sont noyées derrière une démonstration superficielle accusant pelle mêle scientifiques, industriels du «green business» et politiques. Ce brûlot contre l'établissement climatologique, laisse dans l'ombre les arguments scientifiques anti-GIEC qu'il a tenté de soulever. «Si nous n'annonçons pas des catastrophes, personne ne nous écoutera !» déclarait en 2002 Sir Houghton le co-président du groupe de travail du GIEC. Le groupe de scientifique a parfois eu une attitude surprenante dans ses choix scientifiques, notamment la courbe de mann (hockey stick), la place de l'optimum médiéval dans les données jusqu'en 2007 ou la mise de coté d'une énorme quantité de publications de références sur le concentration de CO2 (dont certaines ont été réalisées par des chercheurs récompensés du prix Nobel tels Krogh ou Warburg). Mais la foi mauvaise perpétuelle d'Allègre dans son ouvrage ne nous permet pas de se faire un réel point de vue.
Vendu à 120 000 exemplaires, le livre de l'ancien ministre dessert la science et le milieu de la recherche, mais semble avoir atteint son objectif, la polémique à des fins mercantiles.

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