Des OGM inutiles et incertains

Publié le par Alda



par Matthieu Calame(*), ingénieur agronome (ENSA Toulouse) chargé de programme à la fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l'Homme

L'agronomie doit se concentrer sur la conception d'agrosystèmes qui par l'association
de cultures complémentaires seront aussi naturellement productifs que les écosystèmes


Insérer un segment d’ADN porteur d’information


Les Plantes Génétiquement Modifiées (PGM) reposent sur l'idée que l'on peut facilement ajouter à un organisme (bactérie, plante, animal...) une nouvelle capacité en insérant un gène (segment d'ADN porteur d'information) dans son propre ADN.
En quelque sorte je peux transformer le manifeste du parti communiste en roman fripon en rajoutant de temps en temps une phrase salace !

Fantasme technologique
Malheureusement, comme un texte, un organisme vivant a sa cohérence et n'est pas réductible à une série de phrases. C'est en fait une sorte de fantasme technologique que de produire ainsi une super-plante qui aurait toutes les valeurs nutritionnelles, la capacité de fixer l'azote, la capacité de pousser sans eau, et de produire elle-même les pesticides.

A quoi ressemblerait une telle plante ?
A une sorte de couteau suisse ayant toutes les fonctions possibles : tourne-vis, trois lames, tire-bouchon, loupe, etc. Un outil devenu non maniable et d'usage aléatoire.
Au reste, qu'on y songe, si une telle plante était possible, pourquoi les trois milliards et demi d'années de l'évolution ne l'aurait-elle pas produite plus tôt ?


Biodiversité source de fertilité des écosystèmes
En fait la vie nous offre une autre réponse, la biodiversité : des plantes, des champignons et animaux complémentaires assurent la fertilité exceptionnelle des écosystèmes naturels au premier rang desquels la forêt.
Pourquoi essayer à grand renfort de moyens technologiques aléatoires de créer des super-plantes qui seraient un écosystème à elles toutes seules ?

Monoculture = impasse agronomique
Si ce n'est pour perpétuer des monocultures (comme le maïs) qui sont des impasses agronomiques ? L'agronomie doit se concentrer sur la conception d'agrosystèmes qui par l'association de cultures complémentaires seront aussi naturel-lement productifs que les écosystèmes. 

Agroforesterie
Il existe une voie malheureusement quasi abandonnée depuis cinquante ans : l'agroforesterie. Chataîgner, olivier, amandier, noyer, pommier, chêne même, ont déjà rendu de fiers services à l'homme, c'est à eux qu'il devra sa survie demain.


(*) Matthieu Calame a animé la conférence organisée par BLE (Biharko Lurraren Elkartea) à Laborantza Ganbara, vendredi 12 septembre 2008 sur le thème «Quelle agronomie pour nourrir la planète demain ?». Il est l’auteur de "La Tourmente Alimentaire" ECLM 2008
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article