La taxe sinon rien

Publié le par Alda


Nous payons autant d'impôts
que nous souhaitons avoir de services publics

(Suite de l’analyse sur la taxe sur les carburants de Jean-Marc Jancovici, expert dans le domaine des émissions de Gaz à Effet de Serre)
La question de savoir si nous devons payer plus ou moins d'impôts peut alors se poser d'une autre manière : quelle est la part des services dont nous bénéficions pour lesquels nous souhaitons qu'ils soient gérés par la sphère publique ? Car, de fait, si nous voulons payer moins d'impôts, cela signifie que nous entendons donner moins de moyens à l'Etat, et ce dernier aura donc des possibilités de fournitures de services plus limitées : acceptons nous, en contrepartie, moins d'instituteurs, d'adjudants chef, et de routes à 4 voies ? Il y a bien sûr un contre-argument qui va venir à l'esprit de chacun : l'Etat "n'a qu'à" être plus efficace, car chacun sait que les fonctionnaires sont de joyeux fumistes, passant leur temps à se rouler les pouces aux frais du contribuable.
Privé / Public, question de société plus que d’économie
S'il est très certainement possible de trouver des manifestations de profonde paresse dans l'appareil public, il en existe également dans les sociétés privées !
En fait, si nous regardons les choses sur un plan plus général, l'examen des statistiques ne fait pas ressortir de manière évidente une plus grande productivité par salarié du secteur privé que du secteur public, de telle sorte que le choix est bien plus une question de société qu'une question d'économie.
Notion d’efficacité discutable
Et puis, pour un certain nombre de fonctions, la notion même d'efficacité est discutable : qu'est-ce que l'efficacité de l'armée (3e poste budgétaire de l'Etat) ? Le nombre d'ennemis tués par soldat ? Comment pourrait-on plaider que des milices privées seraient "plus efficaces" ou "moins efficaces" que des militaires payés par l'Etat ? Et comment augmente-t-on l'efficacité des enseignants (1er poste budgétaire de l'Etat) ? En augmentant le nombre d'élèves par classe ? (qu'en pensent les contribuables par ailleurs parents d'élèves ?) En demandant aux professeurs de collège d'enseigner le français, l'anglais et la technologie en même temps, pour augmenter les heures de cours par enseignant ? En chargeant les programmes - par exemple en diminuant les durées de vacances scolaires - pour que les enseignants aient plus de travail ?
 Il y a toujours des progrès à faire partout, mais, très souvent, on se rend compte que lorsque l'on quitte la déclaration lapidaire générale ("yaka !"), les choses sont loin d'être triviales. Pour répondre à une formule lapidaire par une autre, si les solutions étaient si triviales, il y a longtemps que cela serait fait.
En bref, nous payons autant d'impôts que nous souhaitons avoir de services publics. Nous pouvons très bien payer moins d'impôts, mais l'Etat prendra en charge moins de fonctions, et le privé ne fait généralement pas mieux pour assurer des services équivalents, comme nous allons le voir un peu plus bas.
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