Faire entendre nos revendications!

Publié le par Alda



par Nicolas Blain


“Ça passe par la mobilisation et la recherche de nouvelles idées.”

Alda! a rencontré Nicolas Blain, étudiant de l’IUT Bayonne - Pays Basque, entre deux réunions, pour faire le point sur les mobilisations des IUT contre la Loi LRU (Loi relative  aux libertés et responsabilités  des universités). 
La Loi LRU a eu comme conséquence immédiate depuis le 1er janvier la suppression de 2 postes à l’UPPA. 
Après les témoignages de lycéens  et d’universitaires, voici  un nouvel éclairaige sur la façon dont les élèves de l’IUT ont mené leur mobilisation pour faire entendre leurs revendications.

Comment et quand as-tu commencé à t’impliquer contre la loi LRU ?
L'année dernière, étant en première année de biologie à l’université de Pau, j’avais déjà eu l’occasion de participer aux manifestations contre la loi LRU. Actuel-lement, je suis en 1ère année à l'IUT d'Informatique et je fais partie du groupe de l’IUT qui organise et anime les mobilisations contre la loi LRU.
C’est toujours la même loi qui pose problème ?
Oui, elle existe depuis l’été 2007... mais son application se fait par petits bouts (d’abord les Lycées, puis une partie des universités, puis les IUT, etc.)... Du coup les mobilisations suivent ce rythme.
Cette année, la loi LRU s'applique dès le 1er janvier aux IUT… et dans le cas de l'UPPA on a assisté à la suppression de deux postes. Nous avions pourtant eu des propos rassurants de grands élus locaux sur ce thème-là lors de l’inauguration de l’université en décembre dernier. 
Quelle est la spécificité de l’IUT (Institut Universitaire Technologique) ?
Lorsqu’on a manifesté dans les rues de Bayonne pour la première fois afin de montrer à la population nos revendications nous avons remarqué que très peu connaissaient ce qu’était un IUT. Nous avons donc fait un grand travail pour présenter l’IUT et ce qui était en danger avec cette loi LRU.
En fait, les IUT sont reliées aux universités et offrent une formation sur deux ans qui permet l’obtention d’un DUT (Diplôme universitaire de technologie).
C’est une formation ouverte au monde du travail, avec ses 8 semaines de stage en entreprise inclus dans le cursus scolaire, qui assure aussi des bases théoriques donnant la possibilité aux étudiants de poursuivre leurs études (licence, master, école d’ingénieur ou de commerce, etc.).
Les IUT sont des établissements reliés à l’université (ou sous tutelle) offrant près de 1800 heures en 2 ans et 80% des élèves en sortent avec un diplôme alors que l’université offre deux fois moins d’heures de cours et la moitié des élèves l’abandonne avant l’obtention du diplôme.
Comme 3 élèves sur 4 dans les IUT sont des boursiers, les IUT sont considérés comme faisant partie des “formations ascensceur social”.
Enfin, le DUT est un diplôme qui est délivré par les 116 IUT de l’héxagone et a la même valeur partout.
C’est la mise en danger de ces valeurs que nous contestons en nous mobilisant contre la loi LRU !
Comment se sont mobilisés les IUT contre la loi LRU ?
En fait les directeurs et les enseignants ont organisé le 22 novembre 2008 dans les 116 IUT de l'hexagone une journée de formation et d'information sur la loi LRU. Comme même pour eux la situation n'était pas assez claire, toute une journée a été organisée pour que les étudiants puissent aussi prendre conscience de ce qu’est la loi LRU et de ce que pourraient être ses conséquences pour l’avenir des IUT y compris celui de Bayonne (avec ses 900 étudiants par an).
Par la suite, un noyau d’une vingtaine d’étudiants motivés a décidé de continuer et de renforcer ce travail d’information.
Pour calmer le mouvement, le gouvernement a pourtant essayé de montrer qu’il allait apporter des garanties aux IUT?
La “Charte de bonne conduite entre Présidents d'Université et d'IUT” que propose le gouvernement n’aura aucune valeur légale. Ce ne sont que des mots qui dans quelques temps, en cas de litige ou de non respect de la “bonne conduite” ne pourront bénéficier d’aucun recours.
Plusieurs de nos revendications sont restés sans réponse.
Le fléchage de moyens par le ministère ou le lien direct du Ministère aux  IUT ne sera plus garanti. Les budgets des IUT ne seront plus directement obtenus du minnistère mais de l’université.
Le statut des Chercheurs (il y en a 9 reliés à l’IUT de Bayonne Pays Basque) risque d’être modifié. Là aussi, comme les chercheurs apportent des subventions aux IUT et que certains de leurs salaires sont pris en charge par le CNRS... on imagine qu’à l'avenir ce ne sera plus possible de compter sur leur présence...
Compte tenu de la situation et du mécontentement général, ce qu’on demande c’est un moratoire. Que les changements soient vraiment le fruit de concertation et non d'une imposition de la LRU.
Pour obtenir gain de cause, vous avez choisi plusieurs formes de mobilisation...
En novembre et décembre dernier on s’est mobilisé pour s’informer et informer en manifestant dans les rues...
Afin de ne pas pénaliser notre cursus assez court (2 ans) avec des mois de grève (qui mettraient en jeu la crédibilité de notre propre diplôme) on a convenu avec les enseignants de la meilleure façon de concilier la mobilisation et les cours. 
Le fait de toujours prendre en considération les éventuels dégâts sur la valeur du diplôme qu’entraînerait un type de mobilisation plutôt qu’un autre nous a aussi permis de plus facilement convaincre la majorité à se mobiliser !
Du travail de formation (en utilisant des dossiers montés par les syndicats d’enseignants sur la loi LRU) à celui d’information (en diffusant des Power Points explicatifs par email, etc.) on a décidé de s’organiser au niveau de l’IUT comme un mouvement “maison” qui a pris des décisions dans des “Assemblées Générales". Ces mêmes AG ont décidé de montrer que la loi LRU n’était pas bonne en manifestant dans les rues de Bayonne, en organisant la communication avec les médias  (francophones et bascophones) pour que les messages des AG soient relayés correctement.
Enfin, nous avons toujours cherché à montrer la diversité du mouvement en faisant des conférences de presse commune avec les enseignants, en montrant via les projections de diaporama nos différentes actions à la presse et aux étudiants en fin d’AG, en communiquant directement au ministre et aux médiateurs, etc.
Tout cela fait que nous avons gagné en crédibilité et que les élus locaux apportent  et affichent maintenant leur soutien à nos revendications en défense de l’IUT. 
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article