Mécanismes de compensation : l’exemple d’une fausse solution

Publié le par Alda












Christophe Aguiton,
membre du Conseil scientifique d’Attac en charge de la Campagne Justice Climatique

Les Pays du Nord en profitent
pour continuer à émettre des gaz à effet de serre !

Militant syndical associatif, depuis quelques dizaines d’années, Christophe Aguiton est très investi
dans les combats en faveur du Sud et dans les mouvements de chômeurs.
Il est à Attac depuis l’origine, en charge des relations internationales et maintenant de la Campagne
Justice Climatique ou Climate Justice Now.
A une semaine du Forum de Bayonne sur le Changement Climatique, voici son interview sur les enjeux de Copenhague.

De Kyoto à Copenhague
Kyoto a été signé  il y a plus de 10 ans et était censé donner un cadre obligeant les pays riches ou développés (ceux de l’Annexe 1) à réduire leurs émissions par rapport à l’année de référence (1990).

Avancées liées à Kyoto

Les avantages de Kyoto étaient celui de cibler la responsabilité historique des Pays du Nord et de prévoir la mise en place de mécanismes contraignants pour ces mêmes pays.

Points faibles de Kyoto

Pour Attac et la coalition Climate Justice Now, Kyoto a l’inconvénient de prévoir que les réductions d’émissions se feraient principalement par un mécanisme de compensation et un marché du carbone très critiquables.
D’autre part Kyoto n’avait pas été  signé par les Etats-Unis (premier pollueur à l’époque et deuxième pollueur actuellement, après la Chine).

Copenhague

Pour Copenhague, il y a 2 négociations :

*l’une pour ceux qui ont signé le Protocole de Kyoto.
*l’autre pour la Convention issue de Rio de Janeiro (en 1992) signée et donc valable pour tous les pays, y compris les Etats-Unis.

Au delà des aspects techniques, les enjeux

*Faire comprendre à tous les pays qu’il y a un réel problème, en finir avec le déni de l’administration Bush. On peut considérer comme acquis que l’administration d’Obama reconnaît une réelle menace pour la Planète…
*Obtenir des objectifs de réduction les plus importants possibles, concernant l’émission de gaz à effet de serre (GES). Selon le GIEC, cela veut dire qu’une réduction de 30-40% est nécessaire par rapport à 90 d’ici 2020 pour limiter l’augmentation moyenne de la température à la surface de la terre à + 2 degrés.
*Maintenir l’idée de la responsabilité historique particulière des pays du Nord ou riches (comme ceux de l’Europe, les Etats-Unis, le Japon et l’Australie). En effet, c’est l’utilisation des combustibles fossiles (charbon, pétrole puis gaz) depuis  la Révolution Industrielle qui est à l’origine des problèmes que la planète doit actuellement traiter. Ce n’est en rien la responsabilité des pays pauvres, ni même celle de la Chine…
Cette responsabilité historique veut dire que :
o la réduction des GES doit d’abord se faire dans les pays riches.
o qu’un fonds doit être prévu et constitué par les Pays Riches pour les pays les plus pauvre (Afrique, Iles du Pacifique, certains pays d’Amérique Latine ou d’Asie) qui permette à ces derniers:
    . de s’adapter à l’augmentation de la température et aux conséquences climatiques.
    . de mettre en place un processus de réduction des émissions de GES.
*Attac et Climate Justice Now sommes très vigilants sur la question des mécanismes. C’est à dire sur le “qui, comment, par quel moyen, etc.” à envisager pour régler le problème.

Mettre fin aux mécanismes de compensation.

En effet, les mécanismes de compensation permettent de “garder la possibilité de polluer ici si on s’engage à planter des forêts au Sahel ou si on évite que les Brésiliens et Indonésiens déforestent la forêt primaire.” Ils dégagent les pays du Nord de leurs obligations car avec une aumone ou un investissement minime au Sud ils peuvent continuer à émettre des GES,
En fait, ces mécanismes ne sont pas la voie à suivre car leurs résultats sont difficilement contrôlables, le marché (y compris celui du CO2) étant chaotique et aléatoire.  Soit, toujours susceptible de connaître des crises et éffondrements (le CO2 est même arrivé à perdre à une époque toute sa “valeur”).

Gérer le Fonds Spécial pour les pays les plus pauvres

Contrairement au pays du Nord, ceux  du Sud ne souhaitent pas voir la Banque Mondiale et le FMI (contrôlés par le Nord et responsables de la Crise Asiatique (en 97) et Argentine (en 2001)) contrôler les sommes dégagées par les pays du Nord pour les Pays les Plus Pauvres.

Mobilisation internationale et prise de conscience de l’opinion publique

Dans Climate Justice Now les organismes comme Attac, la Confédération Paysanne par le biais de Via Campesina, les Amis de la Terre au niveau international, etc. nous travaillons ensemble pour sensibiliser la population sur l’urgence climatique et la justice sociale.  Cette sensibilisation passe par exemple par de nombreuses rencontres avec les militants et les citoyens où, entre autres choses nous informons et mettons en garde sur les mécanismes de compensation et montrons qu’il y a des solutions alternatives.
Les questions climatiques n’ont pas jusqu’à présent connu de mobilisation de masse dans la rue. Mais l’opinion publique a massivement pris conscience de ce problème. On remarque même que de plus en plus de gens prennent conscience de la corrélation des différentes crises (financières, économiques, alimentaires, sanitaires, écologique, etc.).
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