Du local au global

Publié le par Alda


Susan George,
une des références de l’altermondialisme, Présidente du C.A. du Transnational Institute (www.tni.org)


Les différents niveaux de prise de décision


Une des références de l'altermondialisme, Susan George (née aux Etats-Unis et  citoyenne française depuis 1994) a été  Vice-Présidente d'Attac France de 99 à 2006 et fait partie de son Conseil Scientifique. 
A l'heure où les dérives des banquiers  et des dirigeants des grandes entreprises
semblent réaliser l'extraordinaire exploit de rendre aux yeux de l'opinion les responsables politiques porteurs de l'espoir d'une sortie de crise, elle a présenté à Bilbao, lors d'une formation des responsables d'ELA,  les origines de la crise, les différents acteurs en cause et les solutions possibles.
En ce jour de réunion du G20 (voir encadré) voici quelques idées clés de la conférence.


Du local au global
Pour faire comprendre les différentes règles du jeu ayant des conséquences sur la vie de l’individu, Susan George a utilisé l’image des cercles concentriques, qui partent de l’échelle de l’individu à celle de la planète (le dernier cercle). On passe ainsi par différents niveaux : le local/régional, les Etats, l’Europe, les organisations mondiales (OMC, la Banque Mondiale, le FMI, etc.). A chaque niveau les règles sont établies par des spécialistes. A l’échel-le de la planète (sur les questions concernant le climat par exemple) se sont des scientifiques qui précisent certaines règles.  

Qui a écrit les règles ?

On sait qu’au niveau du G20, les décisions qui sont prises sont souvent le fruit de négociations entre gouvernements. Cependant, il faut souligner que ces négociations portent sur des règles écrites par des spécialistes de transnationales comme Amex ou City Corp (à une époque). 
Ainsi il est intéressant de toujours vérifier qui a écrit les règles et dans l’intérêt de qui!

Les origines de la crise 

En 1929, la Crise était plutôt celle du “monde riche”.
La crise que nous vivons actuellement est une crise globale. Elle est la résultante de 4 crises qui se déroulent en même temps : une crise alimentaire (la croissance de la famine dans le monde ces dernières années en est une preuve), l’augmentation continue de l’écart de richesse ces 25 dernières années, une crise financière et enfin un crise climatique qui commence aussi à se faire sentir.
Nous avons là tous les éléments qui montrent qu’il y a bien une crise globale.
Et ce même si au début on nous disait “Ne vous inquiétez pas, c’est aux Etats-Unis que ça va mal”, puis par la suite, “C’est aussi l’Europe mais pas le Sud... “ avant que la crise ne touche aussi le Sud. Idem pour la crise qu’on nous mentionnait comme étant “uniquement financière... “ alors qu’elle est devenue économique et que le nombre de chômeurs ne cesse de croitre partout dans le monde.

Doctrine économique et quasi religieuse

Susan George nous confirme que le credo du néo-libéralisme a consisté à privatiser (en faisant croire que le privé était la solution pour les services moins chers, de qualité et efficaces)) et dé-réguler (“ce que le marché décide est bon pour tous!”).
Cela a entraîné une compétition entre systèmes sociaux : pas simplement au niveau des salaires mais plus généralement au niveau de de l’éducation, du logement, des conditions de travail, etc.
Une chose est sûre, avec le néo-libéralisme, les riches sont effectivement devenus riches aux dépens des pauvres. On est loin de la formule d’Henri Ford qui en 1930 disait “Je paie mes travailleurs pour qu’ils achètent une voiture”.

Du circuit de la monnaie aux sub-primes

Un schéma simplifié du circuit de la monnaie chez Marx montre que la production est vendue contre une monnaie et les profits obtenus sont investis pour une nouvelle production. 
Les riches ayant déjà tout le confort matériel (X frigos, Y voitures, etc.) n’achètent plus et placent les fonds en bourse.  Ces placements (échangés entre banques) sont déconnectés de la réalité et du monde de la production.
D’autre part, les banques américaines on cherché une catégorie de personnes (que certains appellent les “N.I.N.J.A”. (no income, no jobs, non assets), des gens qui n’ont ni revenus, ni emploi, ni aucun bien) à qui prêter des hypothèques... en pensant que l’opération allait être couverte par un marché immobilier toujours à la hausse... alors que cela a abouti à la crise des subprimes...
On voit bien que face à tout cela les gouvernements qui se sont souvent contentés de répéter la formule “augmenter les impôts des classes les plus pauvres et baisser celle des plus riches” ont échoué.

Crise : danger et opportunité

Le mot chinois pour la crise signifie à la  fois danger et opportunité.
30 ans de néolibéralisme s’effondrent et le besoin de plus de démocratie, de social et d’écologie dans l’économie se fait encore plus pressant et devient plus évident pour la poursuite de l’émancipation de l’être humain.




G8, G20, FMI... brèves définitions pour s’y retrouver !

Le “G 20 “:
Le Groupe des 20 (ou G20) est un forum économique qui a été créé en 1999, après la succession des crises financières dans les années 1990. Il vise à favoriser la concertation internationale, en intégrant le principe d'un dialogue élargi tenant compte du poids économique croissant pris par un certain nombre de pays.
Le G20 représente les deux tiers du commerce et de la population mondiale et plus de 90 % du produit mondial brut (somme des PIB de tous les pays du monde).
Le 15 novembre 2008, pour la première fois de son histoire, ce sont les chefs d'État ou de gouvernement qui se sont réunis et non uniquement les ministres des finances.
Le sommet de Londres ce 2 avril 2009 a pour objectif plus général de renforcer la coordination principalement dans quatre domaines: plans de relance économique, assainissement du système bancaire, dispositifs et règles de surveillance du secteur financier et aide aux pays émergents les plus touchés par la crise.


NB : Le G8 est un groupe de discussion et de partenariat économique de huit pays parmi les plus puissants économiquement du monde : les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l'Italie, le Canada, et la Russie. Le G8 représente 61% de l'économie mondiale.
Le G20 est certes plus “présentable“ que le G8 puisque les 20 pays représentent les deux-tiers de la population mondiale. Pour autant, en tant que “directoire autoproclamé, il reste illégitime”. “Le G20 est pour l'instant un camouflage du G8, qui reste toujours aussi illégitime”.
Il reste donc les Nations-Unies. Certes contestables, et malgré tous leurs défauts, les Nations-Unies, même sans attendre une indispensable réforme radicale, restent supérieures à tous les directoires.



Le FMI :
Le Fonds monétaire international (FMI) est une institution internationale multilatérale regroupant 185 pays, dont le rôle est de «promouvoir la coopération monétaire internationale, de garantir la stabilité financière, de faciliter les échanges internationaux, de contribuer à un niveau élevé d’emploi, à la stabilité économique et de faire reculer la pauvreté».
Le FMI assure donc la stabilité du système monétaire international et la gestion des crises monétaires et financières. Pour cela, il fournit des crédits aux pays qui connaissent des difficultés financières telles qu'elles mettent en péril l'organisation gouvernementale du pays, la stabilité de son système financier (banques, marchés financiers), ou les flux d'échanges de commerce international avec les autres pays.
L’institution a été créée en 1944 et devait à l’origine garantir la stabilité du système monétaire international, dont l’écroulement au moment de la Grande dépression des années 1930 avait eu des effets catastrophiques sur l’économie mondiale.

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