Migration et développement

Publié le par Alda



La seconde conférence ministérielle euro-africaine

Le 25 novembre se réuniront à Paris
60 pays d'Europe et d'Afrique ainsi que 20 organisations internationales à l'occasion de cette seconde conférence ministérielle euro-africaine.
Si le lien entre migration et développement y occupera une place de choix, la conférence ne s'y résumera pas exclusivement, contrairement à ce que pourrait laisser penser son intitulé.


Dans la lignée de Rabat

En juillet 2006 a eu lieu au Maroc la première Conférence Ministérielle Euro-Africaine sur les Migrations et le Développement. Au cours dudit Processus de Rabat ont été abordés les aspects fondamentaux du développement (économiques, démographiques, conflits, durabilité et droits humains), mais non sans oublier la coopération dans la lutte contre l'immigration irrégulière, notamment le long des routes migratoires subsahariennes en direction de l'Europe. En matière de migration et développement, plusieurs mesures ont été adoptées à l'issue du sommet comme la mise en place d'instruments financiers favorisant le "co-développement" ou l'appui aux migrants souhaitant développer un projet entrepreneurial dans leur pays d'origine. Les aspects de formation et d'échanges de compétences figuraient également dans ce plan d'action(1). Une seconde conférence de ce type était prévue "au plus tard dans deux ans".

Objectifs de la seconde conférence
Son objectif est l'adoption “un programme de coopération pluriannuel axé sur les trois volets de l'approche globale des migrations(2) : la migration légale, la lutte contre la migration irrégulière et les synergies entre migration et développement". Ce programme de coopération s'inspirera des conclusions de trois réunions d'experts qui se sont tenues à Rabat en mars 2008 (migration légale), à Ouagadougou en mai 2008 (lutte contre la migration irrégulière) et à Dakar en juillet 2008 (migration et développement). Ces réunions préparatoires ont permis de mettre au point une série de mesures opérationnelles (et en partie confidentielles jusqu'à ce jour) visant à renforcer la coopération sur ces trois volets entre pays d'Europe et d'Afrique dans le cadre de la route migratoire ouest-africaine.

Questions en suspens
Malgré son titre engageant, cette initiative ne manque pas de soulever de nombreuses questions. Initialement programmée en octobre (mais reportée à la dernière minute, officiellement pour cause de crise financière), elle a donné lieu à de nombreuses manifestations qui devaient coïncider avec la tenue du sommet(3). En effet, les défenseurs des Droits des l'Homme lui reprochent principalement de tenir à l'écart les représentants de la société civile (aucune ONG n'ayant été conviée à ce rassemblement exclusivement ministériel), l'absence de référence aux textes internationaux sur la protection des migrants(4), de même qu'une coopération de façade avec les pays africains. La déclaration finale ainsi que le programme adopté devraient être consultables en ligne sur les sites institutionnels et d'informations européens fin novembre.


 

(1)Pour plus de détails, voir la Déclaration Finale de la Conférence de Rabat, téléchargeable sur internet (notamment sur le site d'information en français www.touteleurope.fr, rubrique Relations Extérieures).
(2)Sur l'Approche Globale, comme pour toutes les autres mesures adoptées par l'UE en matière de migration, voir le site de la Commission Européenne : http://europa.eu/scadplus/leg/fr/s17000.htm
(3)Le lecteur est renvoyé au très documenté site du collectif "Des ponts, pas des murs" :
www.despontspasdesmurs.org
(4)Sur ce point, consulter le cas de la "Convention des Nations Unies sur la protection des droits des travailleurs migrants", adoptée par l'ONU en 1990 mais ratifiée à ce jour par seulement 37 Etats et largement méconnue du grand public.
Elle reste cependant l'instrument de protection le plus abouti.

Publié dans Orotarik

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