‘Bio’ ou ‘Agro’ carburants

Publié le par Alda

Alda-18---photo-prisca-alda.jpg
Prisca Boiteau Di Marco
Technicienne spécialisée d’EHLG
 


Mieux les connaître pour mieux comprendre leurs enjeux

Le changement climatique est à la une et les prix à la pompe plus stables...
ces derniers temps... repartiront sans doute rapidement à la hausse.
Les "biocarburants" sont souvent présentés comme une solution à ce double enjeu énergétique et environnemental.

Les carburants "verts"
Les "biocarburants" sont des carburants issus des végétaux. Il existe plusieurs filières :

Filière essence : 

Alda-18---Fili--re-essence.JPG
(bio)éthanol :
utilisable pur ou en mélange avec de l'essence. Libère moins d'énergie que l'essence, entraînant une surconsommation de carburant : 6 litres de super sans plomb au 100 km sont équivalents à 9l d'éthanol (source EDEN).

Filière diesel : 
Alda-18---Fili--re-diesel.JPG

Diester (EMVH) : utilisable pur ou en mélange dans du gasoil sans modification des moteurs. Pas de surconsommation de carburant.
HVP (huile végétale pure) : utilisable pure (avec des adaptations) ou en mélange dans les véhicules. Pas de surconsommation de carburant. Seule filière non industrielle.

Les "biocarburants" n'ont souvent rien de Bio !
La grande majorité des plantes transformées en carburant est cultivée de manière intensive, en utilisant pesticides, engrais, irrigation… Au terme "biocarburant", qui donne une image "écolo", il faut lui substituer celui d'agrocarburant, qui traduit la réalité.
La plante de base n'utilise pas de CO2 fossile, mais l'utilisation d'intrants (engrais,…), le travail mécanique pendant la culture et les étapes de transformation rejettent du CO2 fossile (issu du pétrole) ; le bilan des rejets en gaz à effet de serre doit prendre toutes ces étapes en compte. Concernant l'énergie le raisonnement est identique : plus l'agrocarburant a utilisé d'intrants ou de travail mécanique pour sa culture et a subi de transformation industrielle, et plus il est coûteux en énergie ; c'est le bilan énergétique.

Des bilans souvent peu intéressants.
La fabrication des agrocarburants consomme souvent davantage ou autant d'énergie qu'ils ne vont en libérer dans les véhicules. Les pires sont les éthanols dont l'éthanol de maïs.
Seule la filière diesel est positive, en particulier avec les HVP. Les bilans gaz à effet de serre des différents agrocarburants comparés à ceux de l'essence ou au gasoil vont du "très bon" (HVP tournesol) au "un peu moins mauvais" (éthanol de maïs) ; soulignons qu'une étude américaine accuse l'éthanol de polluer davantage que l'essence. L'Europe étant excédentaire et exportatrice d'essence il est absurde que la France développe des filières éthanol dont les bilans sont si peu intéressants!
Certaines études affectent une partie de la dépense énergétique ou des rejets en gaz à effet de serre aux coproduits de la fabrication, débouchant ainsi sur des bilans plus satisfaisants, qui justifient des choix politiques : on laisse croire que les filières industrielles agissent en faveur de l'environnement !

Une expérimentation en Euskal herri.
Au sein de Laborantza Ganbara, nous avons décidé d'expérimenter la filière aux meilleurs bilans, l'HVP. Les cultures sont menées selon un mode économe (le moins polluant et le moins énergétivore possible). Les graines sont pressées sur la ferme. L'huile-carburant est utilisée par le paysan, et son coproduit, le tourteau, est valorisé en alimentation animale. Cette production permet au paysan de maîtriser la filière, de garder la valeur ajoutée sur la ferme et de développer son autonomie énergétique et protéique tout en agissant pour son environnement.
Pour plus d'information sur les agrocarburants ou le projet HVP, contactez Laborantza Ganbara.


Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article