Tous ensemble !

Publié le par Alda

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par Txetx Etcheverry


Paysans, salariés, consommateurs, usagers, citoyens :
s'unir pour mieux défendre nos intérêts communs


Le samedi 6 février à Bayonne sera une journée riche d'enseignements à plus d'un titre. Ce sera un moment intense de mobilisation autour des paysans le matin (chaîne humaine géante en soutien à Laborantza Ganbara) et autour des cheminots du fret ferroviaire de la côte basque l'après-midi (Journée "Urgence écologique et justice sociale").

Un point commun unit ces paysans et ces cheminots du Fret. Les deux posent le principe que le sort réservé à leur activité ne concerne pas uniquement leur catégorie professionnelle mais qu'il est l'affaire de toute la société. Paysans d'EHLG et cheminots du Fret SNCF Côte basque affirment que le mesures politiques qui affecteront leur métier auront des conséquences non seulement sur leur emploi, leurs conditions de travail et leur revenu, mais sur l'environnement, la santé des gens, la qualité de vie des habitants de ce territoire, léconomie locale, l'aménagement du territoire, le lien social etc.

En conséquence de quoi, ces paysans et ces cheminots ont défini de nouvelles modalités de lutte, cohérentes avec leur postulat de base, en pensant leurs batailles actuelles en terme d'alliances avec d'autres forces sociales, d'autres secteurs de la société.

Ensemble avec les paysans
Les paysans  basques ont créé Euskal Herriko Laborantza Ganbara comme un véritable Forum -comme dirait Jean Haritschelhar- permanent ouvert aux associations de consommateurs, de défense de l'environnement, de développement local, aux syndicats de salariés.

C'est ensemble que se pense et se travaille le modèle agricole promu par EHLG.

Et c'est logiquement ensemble que s'organise la bataille démocratique de défense de l'association EHLG menacée justement par les tenants d'une vision étriquée, archaîque, corporatiste de l'agriculture.
Selon que sort victorieuse de ce combat la vision de la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques (agriculture productiviste, "on ne peut pas être nombreux et heureux") ou celle d'Euskal Herriko Laborantza Ganbara (agriculture paysanne et durable, "trois petites fermes valent mieux qu'une grosse"), les conséquences ne seront pas les mêmes pour l'ensemble de la société.

Le paysage, la vie sociale et culturelle du Pays Basque intérieur n'auront évidemment rien à voir selon qu'on arrive à maintenir, voir à développer, le nombre actuel de petits paysans. L'état de nos nappes phréatiques changera du tout au tout selon que l'emporte le pari pour toujours plus de maïs irrigué défendu par la Chambre de Pau, ou celui d'autres types de cultures plus sobres en eau promu par EHLG. La qualité des aliments dans nos assiettes, de l'eau que nous buvons, de l'air que nous respirons ont tout à gagner au développement des pratiques encouragées par EHLG.

On pourrait facilement donner 10 autres exemples forts de cet intéret manifeste de l'ensemble de la société à défendre le combat d'EHLG et le sort du modèle agricole qu'elle défend.
Et l'intelligence politque des paysans basques est d'avoir compris que leur intéret n'était pas de défendre l'agriculture contre le monde non paysan, mais tout au contraire de tirer parti de cette communauté d'intérêt pour associer tout le monde aux solutions défendues par EHLG.

Unis avec les cheminots
La logique est la même pour les cheminots du Fret SNCF de la Côte basque. Le plan actuel de la direction de la SNCF visant à supprimer le "wagon isolé" (permettant le transport par le rail de marchandises entre entreprises souvent de petite taille) va entraîner la suppression de 65 emplois sur les 160 du Fret local.
Les cheminots auraient pu se résigner à ce plan, et accepter les reclassements qui leur sont proposés par la SNCF, parfois comme chauffeurs de poids lourds (!!!) dans les entreprises de transport routier dont est propriétaire la SNCF (!!!).
Ils auraient pu réagir à ces mesures par une réponse traditionnelle, purement syndicale. Mais là encore, la conscience d'un enjeu dépasssant largement leur seul sort, et affectant l'ensemble de la société a ouvert la voie à un nouveau type de riposte.
La suppression du wagon isolé va jeter 1,2 millions de poids lourds supplémentaires chaque année sur les routes. Cela aura un coût certain à plusieurs niveaux : la santé des gens par la pollution atmosphérique et l'augmentation des risques d'accidents de la route, le réchauffement climatique avec l'augmentation d'émmissions de CO2 que cela va représenter, la disparition d'un mode de transport adapté à une économie moins concentrée et plus locale, etc. Le démantèlement d'infrastructures ferroviaires de proximité est une insulte à l'avenir, que nous allons évidemment tous déplorer d'ici très peu d'années au même titre que la disparition des tramways de l'après-guerre au profit du tout voiture(1).
Sur la base de cette analyse, ces cheminots ont proposé au CADE et à Bizi! de s'unir et d'organiser ensemble une campagne dont le point d'orgue sera l'après-midi du 6 février (avec notamment à 16h30 un rassemblement devant la gare de Bayonne qui aura une forme très visuelle et une forte charge symbolique).
L'union de ces cheminots CGT à une fédération d'associations environnementalistes et à un mouvement altermondialiste et écologiste est une très bonne nouvelle qui ouvre la voie à de nouvelles manières de porter l'action syndicale.
Elle est à mes yeux porteuse d'avenir, d'autant plus qu'elle fait cette jonction entre revendication sociale et revendication écologique qu'appelait de ses voeux Hervé Kempf dans son livre "Comment les riches détruisent la planète".

Le matin et l'après-midi
A nous tous(tes) d'encourager comme il se doit ces nouvelles manières de penser les choses, les combats, les intérêts communs et non purement corporatistes. Nous pouvons le faire en venant à Bayonne le 6 février pour participer à la chaîne humaine géante du matin à 11h00 ET au rasssemblement de 16h30 devant la gare de Bayonne. Nous préfigurerons alors une forme d'alliance supplémentaire : celle des paysans et des salariés, celle des consommateurs et des usagers.


Txetx Etcheverry
 txetx@wanadoo.fr


(1)Un dernier point commun à ces deux luttes pour une agriculture paysanne et durable et pour la défense du wagon isolé et du fret ferroviaire de proximité : la fin du pétrole pas cher -qui va arriver beaucoup plus rapidement que ne veulent bien le dire les agences officielles- viendra donner raison à leurs partisans. Car elle va affecter brutalement et massivement la rentabilité du modèle agricole industriel et du transport routier. Espérons qu'il ne sera pas trop tard et que la résistance citoyenne aura freiné d'ici là les dommages difficilement réversibles de la disparition des petites exploitations et du démantèlement des infrastructures ferroviaires de proximité. Raison de plus pour se mobiliser activement et d'être massivement présents le matin et l'après-midi du 6 février.

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