Lier l'écologique et le social !

Publié le par Alda

par Cyrielle den Hartigh, chargée de la Campagne Changement Climatique des Amis de la Terre





“Pour qu’une solution soit réellement écologique
elle doit être de masse, et donc accessible à tous!”

Cyrielle den Hartigh, chargée de la campagne Changement Climatique des Amis de la Terre participera au Forum sur le réchauffement climatique les 6 et 7 novembre 2009.
A près d’un mois du Forum, elle répond aux questions d’Alda!


Que sont les Amis de la Terre ?

Les Amis de la Terre sont une association écologiste et solidaire travaillant sur des thématiques pouvant aller de l’importation de bois tropicaux, au changement climatique en passant par la responsabilité sociale et environnementale des acteurs financiers, privés et publics et des entreprises
On s’attelle toujours à développer autant la dimension sociale qu’écologique dans nos campagnes.
Par exemple, sur l’habitat on veille à lutter contre précarité énergétique (ou les conséquences de la facture énergétique pour les ménages) tout comme à l’atteinte du bien être dans l’habitat (via l’utilisation de matériel écologique).

Quel est votre rôle au sein de l’association ?  

Je suis en chargée de Campagne Changement Climatique des Amis de la Terre.
A l’intérieur de cette campagne «Changement climatique» il y a :
*Une campagne «Habitat – Climat» qui est en place depuis près de 4 ans. Son objectif est de pousser vers un Plan National de Rénovation thermique et écologique des logements afin de réduire la facture énergétique française globale et celle des ménages.
Tout cela en faisant en sorte que ces rénovations ne soient pas faites avec des produits très “énergivores” et mauvais pour la santé, mais des matériaux issus d’un développement local équilibré et respectueux de la santé humaine et environnementale.
*Une campagne «Négociation internationale contre le Changement Climatique en vue de Copenhague» que je suis de plus près cette année.

Quelles sont les caractéristiques de vos campagnes ?
Dans la campagne Habitat-Climat on a toujours essayé de voir comment faire pour lutter concrètement contre le changement climatique sans aller vers les fausses solutions : le nucléaire, le charbon propre, etc.
En étant concret sur le terrain et en proposant des solutions accessibles à tous (tant dans l’isolation thermique que dans l’utilisation d’éco-matériaux) pour que ça soit une solution écologique ! Sinon ça va se cantonner à une petite partie de la population et ne deviendra pas une solution écologique. L’écologie ne peut être cantonnée aux riches… car sans effet de masse on ne pourra pas prétendre faire chuter réellement les consommations énergétiques par exemple.
Le but est de faire baisser la facture d’énergie en éliminant les produits :
*”énergivores” (utilisant l’énergie grise de façon importante). L’énergie grise étant l’énergie nécessaire pour fabriquer et acheminer les matériels ou produits au chantier ainsi qu’extraire les matières premières impliquées. Ainsi, la brique rouge cuite qui est bien moins écolo que la brique en terre cuite… 
*mauvais pour la santé.
*issus d’un système économique très centralisé.
*important des pays où la responsabilité environnementale et sociale n’est pas respectée.
En contre partie on prône un développement économique :
*local.
*respectueux du territoire.
*créateur d’emplois non dé-localisables…
*producteur de matériaux respectueux de l’environnement…

Compte tenu de cette grille d’analyse comment considérez-vous l’énergie nucléaire ?

On nous annonce sans arrêt que le nucléaire pourrait être une solution dans la lutte contre les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). Pour nous il n’y a pas que cette lutte contre les GES qui compte. Ainsi, il faut prendre en compte l’importation des matières premières nécessaires à la production de l’énergie nucléaire, puis le transport des déchets et le démantèlement des centrales, etc.
On ajoute aussi la question économique et nationale. Enormément d’argent public est investie dans la production du nucléaire : 75% du budget public sur l’énergie va au nucléaire et non pour les renouvelables… Et pourtant, pour 1kWh produit on a un emploi dans le nucléaire et une vingtaine dans le renouvelable. Enfin, c’est un schéma de production nationale qui n’est pas valorisant pour le développement territorial localement compte tenu de son historique centralisateur et jacobin.

La solution passe par la révision de notre mode de vie…
Aujourd’hui, 25% de la consommation d’énergie en France vient du secteur du Bâtiment. Or cette énergie a pu être produite par des centrales émettrices de Gaz à Effet de Serre. L’exemple du chauffage électrique en est un : en période hivernale, la France importe de l’électricité produite par des Centrales à Charbon ou à Fuel… 
Du coup le chauffage électrique émet beaucoup de Gaz à Effet de Serre. C’est la raison pour laquelle la rénovation thermique de l’habitat est une mesure importante pour lutter contre le Changement climatique… Le site www.renovation-ecologique.org donne de nombreux exemples de ce qui peut être fait. 

Et cette révision de mode de vie est indispensable pour la maîtrise de l'énergie qui passe par la sobriété (consommer moins), l'efficacité (consommer mieux) et le choix des énergies renouvelables...
On ne peut liguer l’écologie contre le social…  L’Etat veut effectuer un Emprunt National d’un milliard pour un plan de Croissance pour la société française … Les Amis de la Terre eux souhaitent que ce Grand Emprunt soit utilisé pour un Projet de Société : un Plan National de rénovation écologique de l’habitat (en priorité pour les plus pauvres), pour le Transport en Commun et enfin pour la reconversion (de l’automobile vers le Transport en Commun ou l’efficacité énergétique dans le bâtiment)…
C’est le rôle de l’Etat que d’investir dans ces domaines !
Pour nous, la reconversion, la formation professionnelle, la réorientation, l’accompagnement… sont plus nécessaires que le fait de maintenir à flot une entreprise polluante pendant quelques années en payant ses dirigeants, etc.
Pour l’habitat il faudra revoir la taille des logements en donnant la priorité aux espaces de socialisation, de développement du lien collectif (rue, parc, café, etc.), densifier la ville contre le mitage, re-aménager l’espace public, relocaliser les productions de biens et services en phase avec les besoins de la population.

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