2010, année cruciale

Publié le par Alda

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par Txetx Etcheverry

Ainsi donc, deux ans de négociations et le sommet ultra-médiatisé de Copenhague n'ont pas réussi à accoucher d'un protocole amibitieux, efficace, juste et contraignant donnant une suite à celui de Kyoto. C'est même pire que ce que l'on craignait, il n'y a aucun engagement chiffré, daté et évaluable de réduction d'émissions de Gaz à Effet de Serre (GES).

D'après le climatologue Hervé le Treut, directeur du plus important groupement de laboratoires de recherche dans cette spécialité au niveau français, membre du GIEC, auteur de nombreux ouvrages sur la question, cela signifie se diriger tout droit vers une augmentation de 2°C pour... 2050 et non 2100.

Un comportement criminel

Le seuil de 2°C de réchauffement de la température moyenne de la surface de la terre (qui est aujourd'hui de 15°C, et qui est passé en 10 000 ans des 10°C de l'ère glaciaire à ces 15°C qui expliquent notre climat actuel et les possibilités de vie et de société qui vont avec. Encore une fois, précisons qu'on ne parle pas ici des degrés qu'il fait à notre porte) est considéré par tous comme le seuil à partir duquel nous risquons l'emballement climatique.

De quoi s'agit-il ?

D'un effet boule de neige incontrôlable et irréversible, l'augmentation du réchauffement ayant des conséquences qui elles mêmes augmentent encore plus les émissions de GES, et donc accélèrent dramatiquement le réchauffement (les végétaux rejettent du CO2 au lieu d'en absorber, le permafrost fond et libère massivement du méthane, etc.). Plusieurs scientfiques de haut niveau avertissent du risque de monter vers les 5, 6 ou 7 °C à la fin du siècle, ce qui équivaudrait à du jamais vu dans l'histoire de l'Humanité et compromettrait les chances de vie civilisée sur terre.
2050, c'est dans quarante ans. Les gouvernants qui n'ont pas eu la volonté politique de prendre les mesures préconisée par le GIEC (alors même qu'ils ne contestent aucun des principaux constats, mesures et prévisions du GIEC) seront durement jugés par les populations qui vivront en 2050. Les gens qui ont moins de quarante ans aujourd'hui ont toutes les chances de subir de plein fouet les conséquences catastrophiques, dramatiques de l'échec de Copenhague. Pour ne pas remettre en cause les intérêts immédiats d'une minorité de l'humanité, on accepte de pourrir la vie future des enfants, adolescents, jeunes vivant aujourd'hui. C'est un comportement tout bonnement criminel.

Robinson Crusoë

La classe politique devrait s'interroger sur ce que permet réellement l'accession au pouvoir, si cela ne permet pas de répondre à de tels défis cruciaux. A quoi bon se soucier des déficits budgétaires ou du taux d'inflation, si dans le même temps on n'est pas capable de garantir l'avenir immédiat de l'Humanité. Comment accepter dans la même année de voir une mobilisation générale pour sauver le système bancaire et une démission absolue face au défi climatique ? Nous sommes comme un Robinson Crusoë échoué sur une île déserte qui ne se préoccuperait que de sauver et de mettre à l'abri ses bijoux et sa monnaie en assistant indifférent à un incendie ou autre catastrophe détruisant les arbres, fruits et légumes poussant sur cette île. Compte-t-il demain se nourrir des bijoux, se loger ou naviguer grâce aux billets ?

Tout reste possible

Même si le défi de stabilisation du climat est gigantesque, il est encore possible. Certains se résignent à l'idée que la bataille est perdue d'avance, car réduire de 80 à 95 % les émmissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés comme le préconise le GIEC revient à changer de modes de production, de consommation, de transports et d'aménagement du territoire, et de type d'énergie utilisée, bref à changer de système, ce qui paraît inatteignable à court terme comme objectif.
Pourtant quand on voit comment les Etats-Unis ont totalement reconverti leur industrie automobile en quelques mois pendant la seconde guerre mondiale pour fabriquer en 2 ans 230 000 avions, 5 000 navires et d'innombrables chars d'assaut, canons, obus etc. Quand on sait que de début 1942 à la fin 1944, pendant presque trois ans, aucune voiture ne fut produite aux Etats-Unis et qu'en outre la construction de maisons et d'autoroutes furent arrêtées, on sait que quand les circonstances exceptionnelles et la volonté politique sont au rendez-vous, tout est possible, très rapidement.
Quand on voit les effets de quelques mois d'explosion du prix du pétrole en 2008, par exemple sur les changements de comportements des consommateurs (qui ont amené le géant Général Motors au bord de la faillite), on mesure à quel point les années à venir sont porteuses de bouleversements radicaux.
Quand on sait comment les systèmes des ex-pays de l'Est se sont écroulés en quelques mois à peine, on mesure à quel point ce qui paraît impossible un jour devient réalité le lendemain même.
En fait, tout est possible, et rapidement, avant les échéances jugées cruciales par le GIEC, à partir du moment où l'on gagne la bataille politique et sociale contre les forces qui font pression pour que rien ne bouge.

Ce n'est qu'un début....

L'avenir de l'Humanité dépend en fin de compte du rapport de force que les peuples vont être capables de construire dans les quelques années à venir. En ce sens, Copenhague est également porteur d'espoir. La jonction qui s'y est produite entre les grandes organisations environnementalistes, les différents mouvements sociaux, paysans, la Déclaration des Peuples du Klimaforum09, les mobilisations populaires massives et déterminées qui se sont déroulées pendant les 15 jours du sommet de Copenhague nous permettent de croire que tout est encore possible. Un nouveau mouvement mondial est en train d'émmerger, qui aura la responsabilité de réussir à construire ce rapport de forces vital pour l'Humanité.

Effet d’entraînement, d’exemplarité
Cette année 2010 est jalonnée d'échéances importantes : fin janvier, publication des engagements de réduction de chaque pays, mi-2010, rencontres de Bonn et fin 2010 nouvelle Convention à Mexico. Elle doit être également l'année des batailles déterminées pour des changements conséquents au niveau local, des collectivités territoriales, des régions, des villes, des bassins de vie, afin de provoquer un effet d'entraînement, d'exemplarité, pour montrer que d'autres voies sont possibles, dès aujourd'hui.

www.copenhague2009bizi.org

Lors d'une assemblée tenue ce mercredi 23 décembre, 50 militant(e)s du nouveau mouvement Bizi! (passé en 6 mois à peine d'une vingtaine de membres à plus d'une centaine) ont décidé de continuer la lutte plus que jamais, après le sommet de Copenhague. Un processus de réflexion et de débat va se tenir jusqu'au mois d'avril prochain, pour définir les principes, la stratégie, les axes de travail et les objectifs prioritaires, qui devront guider son action à l'avenir. La plateforme "Urgence climatique justice sociale" et la coalition internationale "Climate Justice Now" dont est membre Bizi! vont également avoir une réflexion sur la stratégie et l'attitude à avoir par rapport aux prochaines échéances capitales.
Ceux et celles qui veulent participer à ces combats-là sont bien évidemment invité(e)s à rejoindre Bizi! sans plus attendre (plus d'infos sur www.copenhague2009bizi.org).


Txetx Etcheverry
 txetx@wanadoo.fr
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