Lutter contre l'exclusion

Publié le par Alda

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Laurence Hardouin
Présidente du groupe local
de la CIMADE Bayonne

“A un moment donné l’homme se trouve face à sa conscience, sa morale ou sa foi... l’humain prévaut sur l’ordre”


La question de l'immigration en cette période électorale est plus encore d'actualité.
Les candidats à l'élection présidentielle soit utilisent le thème de l'immigration de façon stigmatisante (les immigrés sont la cause des nombreux problèmes que connaît la société française), soit évitent d'aborder le sujet ou d'en débattre sereinement.
Depuis presque 4 ans, la politique du gouvernement s'est ostensiblement tourné vers une politique du chiffre.
Ces hommes et ces femmes qui ont traversé bien des épreuves avant d'arriver sur le sol français, parfois même côtoyé la mort de près (Ceuta et Melilla), qui fuient les guerres, la pauvreté, ces hommes et ces femmes remplis d'espoirs connaîtront vite le désenchantement.
L'étranger sans papiers est stigmatisé, il est responsable des maux dont souffre la société française, il est montré du doigt, il doit être pourchassé et renvoyé.
Le message est fort et les préfectures sont invitées par le ministre de l'intérieur à arrêter et renvoyer ces indésirables.
Les lois se durcissent et tendent à rendre de plus en plus difficile la délivrance de visas ou de titre de séjour comme pour inciter le migrant à ne plus venir frapper aux portes de la forteresse Europe.
Sur place les étrangers en situation irrégulière sont arrêtés, retenus dans les centres prévus à cet effet.
Même celui qui vient en préfecture demander un dossier pour tenter une régularisation est arrêté.
Même celui qui est âgé, malade, qui a servi sous le drapeau français est arrêté.
Même celle qui vient d'avoir un bébé ou qui le porte encore en son sein est arrêtée.
Tous peuvent être renvoyés, et c'est un bras de fer alors que de se battre aux côtés de ces gens de leur rendre leurs droits et leur dignité.

L'actualité est parlante.
Le mois dernier, des hommes, des femmes de tous âges et de tous horizons se sont opposés aux forces de police venues arrêter un grand-père chinois qui allait chercher son petit-fils à la sortie de l'école Rampal.
Ces hommes et ces femmes peu habitués à tenir tête à l'autorité, des citoyens ordinaires se sont couchés devant les voitures de police pour les empêcher de partir avec ce vieillard, ont tambouriné sur les capots et les vitres, ont invectivé les policiers, les ont pris à parti.
Pourquoi ? Ces policiers ne faisaient qu'appliquer la loi ?
Parce qu'à un moment l'homme se trouve face à sa conscience, sa morale, ou sa foi.
Parce qu'à un moment il n'est plus possible de rester sans réagir. Parce que l'humain prévaut sur l'ordre.
Doit-on obéir à un ordre injuste ? La question s'est souvent posée et est même devenue une doctrine juridique, la théorie des "baïonnettes intelligentes"…
Peut-on en conscience accepter ce qui se passe autour de soi sous prétexte que l'on nous dit que c'est ce qui doit être fait pour que cela aille mieux.
Ou alors le citoyen assume en pleine connaissance de cause de violer la loi, de prendre le risque d'être inquiété, comme cela a été le cas pour cette directrice d'école et tant d'autres parce qu'il ne peut supporter l'insupportable.
La lutte contre l'exclusion passe par des choix politiques mais aussi par les actions de chaque citoyen.
Madame Lucie AUBRAC il y a pas longtemps encore appelait à "résister à l'ordre établi". "Aubrac, aujourd'hui, ça sonne Résistance. Au fond, ça a peut-être été bénéfique, pour nous. Ça nous a obligés à nous engager, et dans le bon sens. Car le mot résister doit toujours se conjuguer au présent." disait-elle.
Madame AUBRAC et tous les résistants ont pourtant désobéi aux lois en vigueur (les lois de Vichy).

"Résister c'est réfléchir. Réfléchir c'est penser. Et penser c'est agir".
Il est aujourd'hui urgent d'empêcher les élus de dresser des barbelés, et par des actions au quotidien les citoyens peuvent le faire.
“Liberté, égalité, fraternité” telle est la devise de notre république.

Publié dans Orotarik

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