Si près, si loin

Publié le par Alda

PNV et ELA


“ELA considère que le projet du PNV
n'a aucune perspective”



Le texte suivant est constitué d'extraits d'un long article de Deia, journal proche du PNV, sur les relations entre le PNV et le syndicat ELA. Cet article fustigeait ELA pour son opposition de plus en plus frontale avec le Parti Nationaliste Basque, aujourd'hui au pouvoir dans la Communauté Autonome Basque. A l'occasion du 12è congrès d'ELA (les 26 et 27 novembre à Bilbao), ce texte -pourtant hostile à ELA- aide à mieux comprendre ce syndicat majoritaire et atypique.
ELA est en effet encore largement méconnu en Pays Basque nord et trop souvent présenté comme "le syndicat proche du PNV" par la presse d'Iparralde.


ELA est né du PNV, mais 97 ans après cet accouchement, le PNV et le gouvernement qu'il compose sont devenus ses grands adversaires. Bien qu'ils soient tous deux les principaux référents sur leurs terrains respectifs, la relation entre eux est devenue aujourd'hui impossible.

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La grande différence entre ELA et le reste des syndicats repose surtout sur un point. Alors que les autres centrales se sont spécialisées sur leur objet spécifique, les revendications purement syndicales, ELA s'est emparé à tour de bras d'autres types de revendications, principalement politiques. "Il y a vraiment du politique frustré là dedans", considère un dirigeant du PNV. Qu'il y en ait ou non, ELA est considéré aujourd'hui plus comme un mouvement politico-social anti-système que comme un pur syndicat.  Il a participé dans divers mouvements anti-globalisation au Forum de Porto Alegre, dans les mobilisations contre la Guer-re en Irak…

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Cette omniprésence, unie à des revendications syndicales jusqu'auboutistes  (comme dans l'entreprise alavaise Caballito, où ELA supporta une grève qui dura deux ans et deux semaines, les rumeurs assurent qu'elle aurait coûté 2,6 millions d'euros à sa caisse de résistance) ont contribué à lui forger une image de syndicat irréductible. Le plus dur des durs. Le Clint Eastwood du syndicalisme. Le cas de Caballito n'est pas une exception. Toutes les grèves de longue durée des dernierères périodes portent son sigle : le centre Villa Sacramento (trois mois), Auxiliar Siderurgica d'Igorre (encore trois mois), Druckguss (idem)…

Quelque chose de plus qu’un syndicat

Cette image de force, et d'être quelque chose de plus qu'un simple syndicat, pourrait être une manière d'attirer de nouveaux adhérents. Ceux-là, les adhérents, sont la pièce maîtresse, de la machine ELA.
Francisco Letamendia (Ortzi) auteur d'un livre analysant la vie de la Centrale entre 1976 et 2003 qualifie ELA d'exception en Europe. Ortzi note qu'alors que les taux de syndicalisation ont baissé de moitié sur le vieux continent, ELA dépasse les 100 000 adhérents, 104 695 selon son site Web.

Autosuffisant
Cette base militante extrêmement ample lui apporte une grande part de son financement grâce aux cotisations. Les adhérents d'ELA paient 174,10 euros par an, comme le confirme l'un d'entre eux. La multiplication est simple : ELA obtient plus de 18 millions d'euros de ses adhérents. Une partie de cet argent est destiné à la caisse de résistance, une autre des armes qui lui permettent de supporter cette radicalité extrême qu'il affiche dans les négociations collectives. "ELA s'est retrouvé tout seul, à l'extrême, même LAB est beaucoup plus à droite qu'eux" explique un analyste.

ELA et LAB
ELA et LAB ont signé un manifeste commun lors de l'Aberri Eguna 1995. Cet accord et l'action d'ETA qui a assassiné plusieurs adhérents d'ELA lui a provoqué de sérieuses pertes d'adhérents dans la fonction publique, tout particulièrement dans l'Ertzaintza.
Les organisations patronales se plai-gnent qu'il est quasiment impossible d'ar-river à des accords avec ELA. Jose Maria Ruiz Urchegi, ex-secrétaire général d'Adegi (organisation patronale du Gipuzkoa) se référait ainsi à la situation en 2005 : "Les conventions collectives signées par ELA concernent seulement 15% des travailleurs, pendant que celles signées par les autres forces syndicales touchent 55% des travailleurs du Gipuzkoa."
En 2007, selon des chiffres de la Centrale elle-même, les conventions signées ont concerné 105 312 travailleurs basques, et les conventions non signées 96 442. "Même LAB depuis son aggiornamiento, se montre plus pragmatique qu'eux dans la négociation collective. ELA leur est passé sur leur gauche" corrobore-t-on depuis le PNV.

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ELA et le Gouvernement Autonome
Peu avant les dernières élections législatives, le PSOE et l'UGT ont lissé les aspérités entre eux et plusieurs représentants du syndicat sont entrés sur les listes du PSOE. Que cela puisse survenir entre ELA et le PNV, pour le dire poliment, serait hautement improbable. Impossible serait l'adjectif idéal.
Une des explications réside dans le fait que l'UGT nécessite beaucoup plus d'avoir de bon rapports avec son gouvernement  qu'ELA avec le sien. Pourquoi ? Pour l'argent. Comme presque tout. Le nombre d'adhérents permet à ELA d'être autosuffisant économiquement et de ne pas dépendre de bonnes relations d'avec aucun gouvernement. D'où sa confrontation avec le gouvernement basque et le lehendakari. A coup de couteaux, Elorrieta ne se fatigue jamais de critiquer la politique néolibérale de l'exécutif basque.

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Autonome pour penser par soi-même
Comme dirait German Kortabarria, ils cherchent à être un syndicat d'interpellation. "Notre organisation est assez autonome pour penser par elle-même. Nous avons un projet pour cette société qui nous engage dans la construction nationale. Et ils nous disent : vous êtes en train d'entrer en politique. Et bien non. Nous parlons d'un modèle de société, avec nos propres valeurs, exigeant, enthousiasmant et dont l'objet est de permettre à tous ceux qui vivent ici de s'y sentir bien". Ainsi expliquait Elorrieta sa veine politique au journaliste Mariano Ferrer.

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“Perspectives politiques”
De nos jours, les "perspectives" politiques du PNV et d'ELA sont très différentes. Le premier cherche un pacte avec le Gouvernement espagnol qui résolve le conflit politique, le second mise sans s'en cacher pour l'union des forces abertzale, pour un revival de Lizarra, peut-être la dernière occasion ou le PNV et ELA se sont retrouvés côte à côte. ELA considère que le projet du PNV n'a aucune perspective. Son schéma actuel est étranger au PNV. Il mise sur un accord entre abertzale et nullement enclin à des pactes avec Madrid. ELA croit qu'on ne va rien obtenir d'autre de Madrid que des "cache-misère" et que ce qui s'obtiendra le sera à la faveur d'une union claire et nette des forces abertzale.

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La nouvelle ELA
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Le départ de Jose Elorrieta laisse à la tête du syndicat une nouvelle génération qui n'a rien à voir avec le PNV
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Au PNV, où on ne recommande pas à ses militants et sympathisants d'adhérer à tel ou tel syndicat, on assure qu'on n'en viendra pas non plus à l'attitude contraire : prôner le boycott de tel ou tel syndicat.
Mais les positions et déclarations des dirigeants d'ELA  sont chaque fois plus difficiles à comprendre et à défendre pour ceux qui votent PNV quelques soient les circonstances.
Des personnes connaissant bien les deux maisons assurent que les adhérents et sympathisants du PNV ne sont plus la base du syndicat. Selon leurs estimations, ils pourraient représenter un quart des 104 695 adhérents.
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Pour en savoir plus sur ELA et sur la situation actuelle en Pays Basque sud (situation sociale et économique, et situation politique), la Fondation Manu Robles-Arangiz organise deux réunions-débats avec celle qui est pressentie pour devenir la future secrétaire générale adjointe du syndicat, Amaia Muñoa.
Elles auront lieu au local du 20, rue des Cordeliers à Bayonne le vendredi 7 novembre à 19h00 (en français) et le samedi 8 novembre à 10h00 (en euskara).
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